1er chapitre de mon roman...

Nous étions là à regarder l’horizon. Un silence complet nous envahissait, je cherchais désespéramment un mot, une phrase à dire mais je crois que pour la première fois, la situation me dépassait réellement. Nous fixions ce paysage tantôt menaçant, tantôt lumineux. Le ciel prenait des allures bleu-gris et les lourds nuages qui passaient étaient jaunes orangés tant ils étaient lourds. Rien ne bougeait, les arbres, les branches étaient immobiles. Seuls quelques bruits de moteurs venaient bouleverser ce décor. Il devait être à peu près 18 heures, et à ce stade de l’année, le soleil prenait encore son temps pour se coucher. Tout paraissait tranquille. A première vue oui ça l’était mais je sais que la réalité était tout autre.
Nous étions là, immobiles à fixer un point quelconque droit devant nous. Nous évitions de nous regarder, de parler et même de bouger. Il était à environ un mètre de moi, je ne pouvais pas le voir, ni voir l’expression de son visage, je pouvais seulement le sentir, là, impassible. Je pouvais entendre sa respiration régulière. Cela faisait maintenant 10 minutes que nous n’avions pas bougés. Aucun de nous deux n’étaient décidé à faire le premier geste. A cet instant je ne pensais plus à ce qui s’était passé ces derniers mois, ces dernières années. Je ne voulais penser à rien, vider mon esprit mais une question me titillait. Et maintenant ? Qu’allait-il se passer maintenant ?
Puis une porte qui s’ouvre, des pas et une voix brisèrent le silence et nous obligèrent à nous retourner. Instinctivement nous avons fait le même mouvement en prenant bien soin d’éviter de nous regarder. Nous avons salué l’homme d’un hochement de tête synchronisé. Les secondes passèrent. L’homme nous dévisageait, ne sachant pas à qui s’adresser ni comment le faire. Il n’était pas très grand, il était même assez petit pour un homme. Il n’était d’ailleurs pas très mince non plus. Vêtu d’un pantalon noir, d’une chemise bleu foncé, et d’une blouse blanche, il avait l’air à la fois banal et important. Il se racla la gorge, et tapota le fichier qu’il avait entre les mains. Il me regarda puis dirigea son regard vers lui et se décida à parler. Il nous expliqua brièvement la situation, en prenant soin de toujours nous regarder l’un et l’autre à tour de rôle. Il tapotait toujours son fichier à un rythme régulier, signe de nervosité. J’écoutais attentivement ses paroles mais la situation m’échappait. Puis le silence revint, il ouvrit le fichier et l’explora quelques instants, le referma et releva la tête :
- « Il est stable pour le moment. Bien je crois que je vous ai tout dit, si vous avez des questions je reste à disposition. Bonne soirée. »
Sur ces mots, le docteur nous jeta un dernier regard entendu à mon père et nous. Puis il quitta la pièce aussi prestement qu’il y était entré. D’un coup le silence retomba, à la différence que maintenant il bougeait. Il s’était étiré et jouait désormais nerveusement avec la ceinture de son jeans. Je restais immobile encore un instant et sans même m’en rendre compte je poussais un énorme soupire. Et à cet instant précis, j’eu la sensation que toute la pression retombait. Je baissais la tête et aperçut le sol rose. Je trouvais cette couleur totalement hideuse, pas étonnant pour un hôpital. Les murs étaient jaunâtres et les portes blanches. La seule chose qui pouvait encore égayer l’endroit, était les grandes baies vitrées. Je ne supportais plus ces couleurs, je regardais le sol, et les chaises noires non loin de là. J’étais écœurée, de l’endroit mais aussi de cette lourdeur, de ce silence. Je ne pouvais plus rester ici, avec lui qui ne faisait aucun effort. Je saisis mon sac non loin sur une chaise puis je me dirigeais vers la porte, je l’ouvris et avant de disparaître de son champ de vision je lançais un « Salut » furtif. Je pris le chemin de l’accueil, une personne m’indiqua la pièce que je cherchais en me signalant aussi que je n’avais plus le droit d’y aller, mais qu’elle ferait une exception pour 5 minutes seulement.